A la découverte du genre Pinanga (Par Olivier REILHES)
Le genre Pinanga est un genre très vaste qui comprend plus de 130 espèces exclusivement présentes en Asie, depuis le Sud de la Chine jusqu’à la Nouvelle Guinée, en passant par l’Inde, l’Indonésie, les Philippines et l’ensemble des pays d’Asie du Sud Est. Il s’agit d’espèces essentiellement issues de forêts tropicales humides que l’on retrouve plutôt sous couvert forestier. Les caractéristiques principales du genre sont des stipes annelés, un manchon foliaire proéminent et souvent très coloré, et des palmes entières ou légèrement découpées, aux larges folioles échancrées présentant parfois de magnifiques marbrures brunes ou rouges. À noter enfin que les inflorescences se développent souvent au sein de spathes et présentent parfois des rachillae et/ou des fruits également très colorés. Bref, tout pour faire de magnifiques espèces et donc le bonheur de nombreux amateurs de palmiers.
Les Pinanga présentent une incroyable diversité de formes et de couleurs qui en font un genre absolument passionnant. Du fait de leurs dimensions modestes, ils conviennent pour la plupart à la culture dans les jardins des particuliers, à condition bien sûr de leur offrir de quoi leur rappeler le plus possible leur milieu d’origine : de l’ombre, de la chaleur et de l’humidité !! Si l’une de ces trois conditions ne pouvait être respectée, mieux vaudrait peut-être s’abstenir.
Les caractéristiques strictement tropicales de la plupart des espèces rendent parfois délicate leur culture à la Réunion, la limitant aux secteurs de plus basses altitudes et les plus arrosés. Pour autant, à y regarder de plus près, quelques espèces d’origine plus montagneuse devraient également pouvoir contenter nos «jardiniers des hauts» à condition qu’elles y trouvent là aussi ombre et humidité nécessaires à leur épanouissement.
Dans tous les cas, les sols devront être riches, bien drainés et amendés avec parcimonie. Par contre, l’heureux propriétaire de Pinanga à la Réunion devra être tout particulièrement attentif aux invasions de divers ravageurs. En effet, ces espèces s’avèrent très sensibles aux attaques d’insectes, et notamment du petit charançon (Eugnoristus monachus) dont les larves raffolent des bourgeons en y creusant des galeries, ce qui peut entrainer la mort du palmier en quelques jours (j'en ai fait la cruelle expérience !). Le meilleur moyen d’éviter le pire est, surtout chez les jeunes sujets, d’être particulièrement vigilant à toute piqure d’insectes (souvent située à la base des pétioles) et de dégager régulièrement les anciennes bases foliaires pour une inspection approfondie et un traitement insecticide de contact dès les premiers signes d’attaque.
Schématiquement, les Pinanga peuvent être répartis en deux groupes. Le premier est composé d'espèces de petites tailles, généralement cespiteuses et très inféodées à un milieu ombragé humide. C'est dans ce groupe que l'on retrouvera les espèces les plus courantes en culture : Pinanga coronata, Pinanga dicksonii, Pinanga scortechinii, …
Le deuxième groupe est composé d'espèces plus robustes, le plus souvent solitaires, et pouvant supporter, au moins à l'âge adulte, des conditions de mi-ombre voire de plein soleil. On retrouvera dans ce groupe des espèces emblématiques, absolument magnifiques, aux manchons foliaires souvent très colorés, mais malheureusement excessivement rares en culture. Tout d’abord, Pinanga caesia, au stipe fin, discrètement annelé, surmonté d'un superbe manchon brun rougeâtre et d'une gracieuse couronne de palmes pennées vert tendre ; Et puis des espèces assez proches, toutes originaires des Philippines, et toujours caractérisées par un manchon foliaire et des inflorescences étonnamment colorées : Pinanga copelandii, Pinanga maculata, Pinanga negrosensis, Pinanga speciosa et l'une des plus grandes d'entre elles, Pinanga insignis.
Bref, vous l'aurez compris, les Pinanga sont malheureusement trop peu fréquents dans nos jardins, et pourtant à découvrir et à cultiver plus largement.
La condition de la réussite : les bichonner !!! Car les Pinanga ne sont pas de ceux qu’on abandonne au fond du jardin derrière un vieux bougainvillier. Mais après beaucoup de patience, d’attention et peut être quelques échecs vite corrigés, viendra inévitablement le jour où vous aurez l’immense fierté de présenter à vos visiteurs ce magnifique Pinanga adulte chargé de fruits colorés au beau milieu de votre jardin.
Et ce jour là, vous verrez que quiconque passant par là ne pourra s’empêcher de crier un «OUAHH !! C’EST QUOI CA ??» d’admiration. Vous intégrerez le cercle très fermé de ceux qui possèdent l'une de ces espèces d’exception. Vous serez alors priés de vous signaler de toute urgence à la permanence de notre association (24/24, 7/7) pour une visite de jardin impérative…