Expédition sur la Mataroni en Guyane (Par Olivier REILHES)

C’est pour fêter les 10 ans de notre vie guyanaise passée que, mes amis et moi, nous nous retrouvons en ce mois d’avril 2009 à l’aéroport de Cayenne - Rochambeau. Objectif de notre escapade : remonter en canoë la Mataroni, un affluent du fleuve Approuague au Nord-Est de la Guyane, jusqu’à la savane roche Annabelle.
Après trois heures de route plutôt chaotique, nous arrivons à la tombée de la nuit à notre première étape, l’Auberge de l’Approuague, non loin de Régina. L’obscurité arrivant vite sous ces latitudes, ce n’est que le lendemain matin que je découvre l’incroyable paysage qu’offre ce lieu. L’auberge est située sur une colline qui domine l’impressionnant fleuve Approuague et, en ces premières heures du jour, la forêt alentour est enveloppée à perte de vue d’un épais brouillard.

Très rapidement, je fais le tour du propriétaire, armé de mon appareil photo, et je fais mes premières découvertes palmiques : à ce niveau, l’Approuague est bordé d’immenses pinotières (Euterpe oleracea), signe du caractère marécageux des berges. Sur les flancs de la colline, de nombreux Bactris gasipaes ont été plantés, probablement pour la production de Parépou, fruit qui, après cuisson, est très apprécié pour la consommation locale. Çà et là, d’imposants Attalea maripa et Oenocarpus bacaba (comou) rythment le paysage et, non loin du carbet de restauration, je tombe nez à nez avec un majestueux Astrocaryum cespiteux qui sera identifié par la suite par Pierre-Olivier ALBANO comme Astrocaryum gynacanthum. Ce spécimen est magnifique et je promets sur l'instant que je ne dirai plus jamais que les Astrocaryum n’ont aucune qualité ornementale !!!

Mais, l’heure avançant, il est temps de passer aux choses sérieuses et le piroguier nous attend déjà pour nous embarquer sur sa pirogue, ainsi que nos deux canoës et nos vivres. Trois heures de pirogue nous emmèneront au cœur de la forêt guyanaise, sur la haute Mataroni. Au cours de ce premier périple, je découvre au bord de la rivière les imposants Manicaria saccifera (Toulouri) que nous rencontrerons tout au long de notre expédition. Ce majestueux palmier, sûrement le plus beau de tous les palmiers de Guyane, est gigantesque. Ses longues palmes pennées et entières mesurent plus de 8 mètres de long et les jeunes palmes naissantes rouge foncé sont parfois visibles de très loin, y compris en pleine forêt.