Ambondrombe, la Montagne Sacrée ! (par Christian MARTIN)
J'ai été contacté mi décembre par la Société Française d'Orchidophilie (S.F.O.) pour participer à un recensement photographique des orchidées de Madagascar prévu en janvier 2010.
Le voyage visant à rejoindre des régions difficiles d'accès a été grandement facilité par la collaboration du Ministère de l'Environnement, de l'ONE (Office National de l'Environnement), de l'ANGAP (Les Eaux et Forêt), et de plusieurs ONG s'occupant de l'environnement, et en outre par une organisation très efficace de l'Agence AMY Travel.
La montagne sacrée d'Ambondrombe à 45 km à l'est d'Ambalavao surplombe la falaise orientale de Madagascar. C'est un sanctuaire, où selon la tradition, reposent les âmes des morts.
Après une marche d'approche dans les rizières et sur quelques collines dénudées, à 1294 m d'altitude, nous parvenons dans les premières étendues de la forêt primaire de l'est et nous pouvons y observer quelques orchidées terrestres et épiphytes.
Le 12 janvier, découverte de la forêt jusqu'au sommet (1960 m) avec les guides locaux. En plus des orchidées, la forêt est riche de toutes sortes d'espèces de plantes : fougères, dracaena, bambous endémiques, et bien sûr des palmiers. Le premier, déjà remarqué, et que je reverrai jusqu'au sommet est un Dypsis cespiteux. Son allure est proche de Dypsis baronii, mais sa hauteur plus modeste, son infrutescence toujours infrafoliaire, et la grosseur de ses fruits ronds avec une pointe sur le côté, le différencient. Par commodité, je l'ai baptisé Dypsis sp. A3.
À deux reprises j'ai également pu observer un autre palmier vers 1600 m et 1750 m. Son tronc unique aux cicatrices foliaires bien marquées, ses folioles en hélice, son infrutescence intrafoliaire, et surtout le sommet du stipe recouvert par les gaines foliaires jaune verdâtre, ponctué de petites taches bistres, ne me rappelaient rien de connu. Je l'ai appelé Dypsis sp. A1.
À 1650 m, à droite du sentier, un palmier étonnant attire mon attention. Il est cespiteux, mais ses nombreux rejets s'étalent (drageonnent plutôt) sur une vingtaine de mètres carrés. Son stipe très flexible a un diamètre de 6 à 10 mm et sa hauteur ne dépasse pas 5 m. Son infrutescence est intrafoliaire. Hétérophylles, les jeunes plants qui ont poussé sur le sentier ont les feuilles entières. J’ai appelé ce palmier Dypsis sp.A2.
En arrivant au sommet, la forêt fait place à des plaques rocheuses suintantes, aux anfractuosités remplies de mousses, et de buissons héricoïdes, un Drosera sp. et un Aloe difficile à déterminer sans la hampe florale. Là haut, je revois quelques Dypsis sp.A3 émergeant dans le brouillard. Il se fait tard, il faut retourner au camp de base. Demain, descente et départ pour le parc national de l'Andringitra et l'une des deux stations de Ravenea glauca…