Les Palmiers d’Alsace et du Lac de Constance (Par Jean-Marc BURGLIN)

Le climat du Nord-Est de la France n'est guère favorable à la vie des palmiers en pleine terre, à quelques exceptions près. La plupart de ceux destinés à donner un air de tropiques, sous un climat qui ne l'est pas la majeure partie de l'année, sont cultivés en pots. Ils ne sont placés à l'extérieur qu'à la " belle " saison, comme ceux du parc de l'Orangerie de la capitale européenne Strasbourg pris en photo sous une pluie battante et une température de quinze degrés à peine, en plein cœur de l'été 2010, avec les traditionnels nids de cigognes en arrière- plan.

Plus au Sud de l'Alsace, mais où les températures moyennes sont encore un peu plus basses, un bel exemplaire de palmier Trachycarpus fortunei d'une dizaine d'années sans doute profite de la relative protection d'une maison d'habitation pour résister aux gelées hivernales, bien qu'elles l'aient particulièrement mis à mal en 2009-2010. Des jeunes palmes naissantes au sommet montrent une vitalité retrouvée aux beaux jours sous ces latitudes de 47° 36' Nord et 7° 29' Est.
À quelques 200 kilomètres au Sud-Est, par des températures toujours aussi fraîches en plein mois d'août 2010 lors de ma visite, le microclimat du bord du lac de Constance et de l'île de Mainau en Allemagne, limitrophe de la Suisse, permet d'intégrer au paysage des palmiers en pleine terre. Ce sont tous des Trachycarpus fortunei, « Hanfpalme » en langue de Goethe dans laquelle les noms botaniques sont souvent plus explicites que les noms français, le mot allemand "Hanf" signifiant chanvre.

Le château construit à partir de 1739 occupe la partie centrale de l'île et est bordé par une serre géante (d’une surface de 1241 mètres carrés) qui abrite agrumes, plantes sensibles au froid et palmiers. Elle est d’habitude en partie démontée pour l'été, donnant l'impression que les palmiers prospèrent sans abri, mais elle a été cette année laissée en état hivernal, en prévision peut-être d'un été particulièrement frais !

Dans la ville alsacienne de Mulhouse, outre des faux cocotiers en plastique jaune made in China, d'un goût assez douteux, devant l'entrée d'une galerie commerciale moderne du centre ville, la présence de palmiers devant le principal monument historique local est plus étonnante. L'hôtel de ville - deux étoiles dans un guide touristique national - datant de 1552, de style Renaissance rhénane, est unique en France avec ses façades peintes et son escalier double. Orné de plusieurs Phoenix canariensis en pots, on a apporté de cette manière à une architecture alsacienne authentique une touche d'exotisme inattendue du plus bel effet. Les palmiers mettent harmonieusement en valeur le patrimoine et montrent s'il en était encore besoin que notre attrait pour ces plantes est largement partagé, même sous des climats plutôt rudes !