Carte postale du Rajasthan (Par Jean-Marc BURGLIN)

Parenthèse au long et chaud été austral, c’est un circuit en Inde que j'ai choisi en janvier-février 2012. Parti seul, je dispose de guides plus ou moins francophones pour les visites des grands sites, et surtout d'un chauffeur au calme apaisant dans la cohue des routes indiennes où dromadaires, camions, chevaux, tracteurs antiques et modernes circulent dans tous les sens, voire à contre sens, sur les quatre voies à péage... La sécheresse s'amplifie dans cette partie Nord-Ouest de l'Inde comme un peu partout dans le monde : déjà très présente dans le désert du Thar vers les frontières du Pakistan, elle gagne toute la région. Même le célèbre Taj Mahal dans l'Uttar Pradesh voisin voit ses fondations menacées par l'assèchement de la rivière Yamina qui coule derrière le monument immaculé, joyau architectural à l'échelle mondiale.

Je m'attarde dans les jardins ou parcs zoologiques de Delhi et de Jodhpur, près du temple des rats sacrés et dans l'élevage de dromadaires à Bikaner, dans le désert à Jaisalmer, dans le parc des temples Jain et surtout au bord du lac à Ranakpur. Je découvre les paysages montagneux vers le fort de Kumbhalgarh, le lac Pichola, les éléphants au fort d'Amber près de Jaipur, et des «Havelis», belles demeures souvent à l'abandon, témoins d'un passé prospère aux 18ème et 19ème siècles avant l’arrivée du chemin de fer et des grands ports qui remplacèrent le trafic caravanier sur la route de la soie.

Plusieurs parcs naturels favorisent la protection du tigre du Bengale de plus en plus confiné en petites populations relictuelles au point que deux jours de safari dans le célèbre Parc de Ranthambore m'ont tout juste permis d'observer une empreinte dans le sable... Dans la réserve Keoladeo Ghana National Park près de Bharatpur le contentement est total tant l'avifaune est riche au point que ce parc est, à juste titre, inscrit au Patrimoine Mondial par l'Unesco. Des milliers de canards et de migrateurs venus même d'Europe pour échapper à l'hiver côtoient passereaux, limicoles, rapaces, calaos, étranges antilopes nilgaut, cerfs axis, pythons, macaques rhésus et autres sujets à observer et photographier dont quelques rares grues antigone, le plus grand oiseau volant au monde (taille 1,60 mètres, envergure 2,60 mètres !).

Les palmiers les plus répandus au cours de mon circuit sont sans conteste les dattiers indiens Phoenix sylvestris. On en voit près des maisons, dans les parcs, au bord des sentiers et des plans d'eau, à proximité de sites historiques et en pleine nature comme dans le parc de Ranthambore. Les dattes, petites et fibreuses, sont généralement réservées à l'alimentation animale. Certains sujets sont «déplumés» car les palmes sont utilisées en vannerie. Une seule fois vers Jaisalmer, je remarque des cultures expérimentales de grande envergure du dattier Phoenix dactylifera qui s'adapte aussi bien que les dromadaires dans le désert du Thar. À part ces palmiers répandus, j'ai pu voir quelques beaux alignements de palmiers royaux Roystonea regia, de très rares multipliants Dypsis lutescens et un jeune latanier rouge réunionnais Latania lontaroides au bord d'une piscine d'hôtel à Pushkar. Mais je n'ai pas sillonné des milieux où j'aurais pu découvrir le palmier à sucre Arenga pinnata, le palmier distique Wallichia disticha, le rônier Borassus flabellifer ou des talipots Corypha umbraculifera et C. utan. Les feuilles de rôniers et de talipots étaient utilisées en guise de papier pour des écrits religieux (les «ôles») et sont de nos jours peintes pour les touristes. L'Inde est si vaste que plusieurs voyages seront nécessaires pour en faire une découverte plus complète.