Guyane : Terre à Palmiers ! (Par Pierre-Olivier ALBANO)

Avec ses 85 000 km2, presque autant que le Portugal, la Guyane française est de loin le plus vaste des départements. Méconnue, mystérieuse, chargée de préjugés trop souvent négatifs, c’est une terre fascinante, qu’il faut apprendre à découvrir.
Pour l’amateur de palmiers, la Guyane fait figure d’Eldorado. La très grande majorité du département est encore recouverte d’une épaisse forêt primaire, qui fait partie intégrale de l’ensemble amazonien. Plus de 70 espèces de palmiers indigènes y ont été recensées, en grande partie grâce au travail de Jean-Jacques de Granville qui dirige aujourd’hui l’herbier de Cayenne.

La plupart de ces palmiers se développent dans la pénombre du sous bois, car la canopée filtre les rayons du soleil à près de 30 ou 40 mètres plus haut. Deux genres principaux, Bactris et Geonoma, se partagent ce biotope.
Mais c’est à Jean-Jacques de Granville que revient la découverte d’une des plus belles espèces du genre : Geonoma oldemanii. C’est une espèce étonnante, aux longues palmes bifides, étroites et entières, dont le limbe ne se divise jamais.

Les espèces du genre Bactris sont toutes épineuses, ce qui explique sans doute qu’elles sont si mal représentées dans les jardins, y compris dans les collections de palmiers. Il en existe pourtant de fort décoratives, qui mériteraient d’être mieux connues, au moins parmi les amateurs de palmiers. Parions que la plupart des Bactris guyanais n’ont jamais été cultivés !
En dehors du sous-bois, au moins trois espèces de Bactris se rencontrent communément : le Parépou (Bactris gasipaes) cultivé dans tous les jardins pour ses fruits délicieux dont le goût, après cuisson, évoque celui de la châtaigne, la Grande Zagrinette (Bactris major) magnifique espèce buissonnante des zones marécageuses, et Bactris campestris, inféodé aux savanes argileuses de la zone côtière.

Également abondant dans la bande côtière de la Guyane, le Moucaya, Acrocomia aculeata, dont l’armement des feuilles et même du stipe n’a rien à envier à nos Bactris !
Une petite colonie vit encore autour du vieux phare de Kourou, aujourd’hui entouré de grands hôtels. Un autre groupe de palmiers très épineux, appartenant au genre Astrocaryum, mérite une attention toute particulière. C’est en effet parmi eux que l’on trouve l’Awara (Astrocaryum vulgare) un des palmiers les plus emblématiques de la Guyane française.